Les épisodes de sécheresse vont se multiplier. L’eau manque en été et dévale en trombes sur nos toits en hiver. Certaines fermes ont déjà installé des citernes avec filtration et traitement.
L’eau est une ressource précieuse pour les exploitations laitières. Elle sert au nettoyage de la salle de traite, des engins agricoles, mais surtout à l’abreuvement des vaches ! La boisson des animaux représente 80 % de la consommation d’eau totale d’une ferme. Si l’on considère une structure de 53 vaches laitières, les besoins en eau (abreuvement et nettoyage) sont d’environ 7 m3 en moyenne par jour. On comprend donc pourquoi les agriculteurs du Doubs, de Haute-Saône et des Savoies se préoccupent de la raréfaction de cette ressource. L’économie d’eau va devenir un leitmotiv au cours des prochaines décennies. Et pour cela, un seul chemin recommandé : la récupération d’eau de pluie, qui peut couvrir jusqu’à 80% des besoins d’une ferme. Mais pas n’importe comment ! « Le lait étant composé à 90% d’eau, l’eau bue par les animaux doit être de bonne qualité pour préserver en aval la qualité sanitaire des fabrications », rapelle Isabelle Forgue, conseillère Energie à la Chambre d’agriculture 25-90.
Les conseils pour une bonne installation
En premier lieu, la citerne sera de préférence enterrée et l’arrivée d’eau se fera par le bas pour éviter les remous. Les toits devront être sains, sans fibrociment amianté, sans trop de mousse et loin des arbres. Second critère indispensable, la filtration et le traitement. Avant son arrivée dans la citerne, l’eau sera soumise à un premier filtre grossier au bas des chéneaux pour ôter les impuretés (feuilles, branches, etc.) Elle sera ensuite filtrée de plus en plus finement, puis traitée par irradiation (par lampe UV) ou chimiquement (par chlore) pour détruire d’éventuels éléments pathogènes. Le précieux liquide pourra alors être acheminé vers les abreuvoirs ou le surpresseur. « Ensuite, il faudra veiller au nettoyage régulier des filtres, de la citerne et des abreuvoirs », recommande Isabelle Forgue.
Le jeu en vaut-il la chandelle sur votre ferme ? « Il faut étudier chaque cas, annonce Julien Party, conseiller à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. Nous disposons d’un outil, développé par la chambre du Doubs-Territoire de Belfort, pour calculer si l’installation est valable techniquement et économiquement. Le bon dimensionnement de la citerne dépendra de la surface de toit disponible, de la taille du troupeau et de la périodicité des besoins. » Une chose est sûre, le prix de l’eau du réseau ne cessera d’augmenter à l’avenir…
- Isabelle Forgue (Doubs-T. Belfort) : 03 81 65 52 24
- Julien Party (Haute-Saône) : 03 84 77 14 50.
Sur le terrain à Guyans-Vennes dans le Doubs
Emmanuel Roy (Gaec des Chamois)
160 animaux, 60 vaches laitières.
Une citerne enterrée de 200 m3 est raccordée à 2500 m2 de toit depuis la construction du nouveau bâtiment en 2007, avec installation d’un groupe d’eau (surpresseur et pompes). Un traitement UV a été installé initialement, puis remplacé en 2021 par un traitement au chlore. Emmanuel Roy, qui se sert de l’eau pour l’abreuvement, estime économiser entre 1200 à 1400 m3 par an. A 2€ le mètre cube (prix de l’eau du réseau chez lui), l’économie se monte à 2400-2800 € par an. « L’idée première est d’assurer la sécurité de la ressource en eau de qualité sur nos exploitations, en cas de sécheresse aigüe », explique ce président de coopérative.
Emmanuel et Benjamin Cassard (Gaec Cassard sous le bois) 200 animaux, 80 vaches laitières.
Une citerne enterrée de 350 m3 a été construite lors de la création du nouveau bâtiment en 2015, à laquelle s’est ajoutée une seconde citerne de 250 m3 en 2020. Les deux sont raccordées à 2600 m2 de toiture et fournissent un peu plus de 2000 m3 d’eau par an, soit environ 50 % des besoins pour l’abreuvement, le lavage des quais de la salle de traite et du matériel agricole. Le traitement se fait par chlore. Coût : 40 000 € subventionnés à 50% dans le cadre du plan de relance. Retour sur investissement estimé à environ 10 ans.
